La presse n'en a rien dit, les sites semblent muets, et pourtant Inès Clouzot a rejoint Henri-Georges au paradis des cinéastes. En toute discrétion. La "grande famille" du Septième Art ne s'est
pas déplacée en ce vendredi 4 mars pour l'accompagner à Saint-François-de-Sales. Il faut dire que, poussant la délicatesse jusqu'au bout, elle entrait dans l'église au moment même où cette
"famille" conduisait Annie Girardot au Père Lachaise. Comme pour ne pas déranger.
Elle s'est éteinte en regardant le documentaire que Serge Bromberg avait consacré au tournage maudit de L'enfer, présenté à Cannes en 2009 et diffusé sur
Canal plus. Non, le hasard n'existe pas, Dieu oublie simplement de signer...
Mais elle n'est pas pour autant partie seule. Une cinquantaine de proches, de vrais amis, ont tout mis en oeuvre pour lui offrir une cérémonie sobre et belle, en invitant Bach, Schubert, Mozart,
Fauré et même Gustav Mahler, dont le final de la quatrième symphonie accompagna la bénédiction du corps. Pour que Karajan, si bien filmé par son mari, soit lui aussi présent. Et c'est le père
Sylvestre Gainsi, ami de longue date qu'elle avait accueilli à son arrivée en France (elle l'appelait "mon premier enfant noir"...) qui prononça une homélie toute de douceur, de souvenirs
souriants et d'espérance. Comme s'il avait voulu paraphraser les mots du Knaben Wunderhorn magnifiés par Edith Mathis :
Wir geniessen die himmlischen Freuden' Nous goûtons à la volupté céleste
D'rum tun wir das Irdische meiden. Aussi fuyons-nous ce qui est terrestre
Kein weltlich
Getümmel On n'entend
pas au ciel
Hört man nicht im Himmel ! Le tumulte du monde !
Lebt alles in sanftester Ruh ! Tous y vivent dans la paix la plus
douce !
© Franz Muzzano - Mars 2011. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. Tous droits réservés.