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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 23:30

Après avoir revu le bien beau Deliverance, j'ai consulté les critiques les plus récentes postées sur AlloCiné. Je ne m'étendrai pas sur le nombre d'étoiles accordées, un film appartient à celui qui le regarde. Mais une idée revient souvent, qui me fait quelque peu sortir de mes gonds : la mise en scène aurait vieilli, voire serait datée...

 

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Ainsi, certains croient encore à la notion de "progrès" en art. Sous prétexte d'évolutions technologiques permettant tous les effets, spéciaux ou non, une réalisation de 1972 serait comme obsolète. Le sens de l'Histoire propagerait donc sa gangrène dans les oeuvres d'art...Poussons alors les feux jusqu'au plus fort de l'incandescence. Schubert, Beethoven ou Brahms composaient selon des règles tonales bien définies, même s'ils les sublimaient : datés. Balzac, Flaubert, Proust nous créaient un monde romanesque dans une langue ignorant l'élision, le verlan ou le style SMS : vieillis, ne les lisons pas. Plus un peintre aujourd'hui n'expose de toiles influencées par Rembrandt ou Vermeer, boudons Amsterdam et sa poussière.
Et applaudissons Koons défigurant Versailles sous l'oeil amoureux d'un Aillagon cassant notre tirelire. En feignant d'ignorer que, très vite, le montreur de homard en plastique sera tombé dans un oubli duquel il n'aurait jamais dû sortir, quand la Galerie des Glaces continuera de briller de toutes ses splendeurs.
Comparaison n'est pas raison ? Peut-être. Mais admettons une fois pour toutes que les termes "vieillis" ou "datés" peuvent à la rigueur s'appliquer à un propos, à un discours, pas à un regard ou à une mise en scène. Cette dernière est simplement bonne, travaillée, choisie, cohérente, impose une atmosphère et un climat, ou bien ratée, anachronique, vide de tout oeil cinématographique, en un mot mauvaise. Chacun pourra alors placer Deliverance dans l'une ou l'autre catégorie. Mais vieillie et datée, non. Ou alors, Avatar fut daté dès sa sortie en salle, parce que cherchant à flatter la mode et l'air du temps, cet air où seules volent les feuilles mortes. Et méditons ces mots de Chesterton : "Nous ne modifions pas le réel pour l'adapter à l'idéal, nous modifions l'idéal. C'est plus facile..." (G.K. Chesterton : Orthodoxie).


© Franz Muzzano - Janvier 2011. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. Tous droits réservés.

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Présentation

  • : Les Chroniques de Franz Muzzano
  • : Écrivain, musicien et diplômé d'Histoire de la Musique, j'ai la chance, depuis plus de 40 ans, de fréquenter les salles de concerts et les maisons d'opéras, et souvent aussi leurs coulisses. J'ai pu y rencontrer quantité d'artistes, des plus grands aux plus méconnus. Tous m'ont appris une chose : une passion n'a de valeur que si elle se partage. Partage que je vais tenter de vous transmettre à travers ces chroniques qui relateront les productions que j'ai pu voir ou entendre (l'art lyrique y tenant une grande place). Mais aussi les disques qui ont contribué à me former, tout comme les nouveautés qui me paraîtront marquantes (en bien ou en mal). J'évoquerai aussi certaines grandes figures du passé, que notre époque polluée par les "modes" a parfois totalement oubliées. Je vous proposerai aussi des réflexions sur des aspects plus généraux de la vie musicale. Tout cela dans un grand souci d'impartialité, mais en assumant une subjectivité revendiquée. Certaines chroniques pourront donc donner lieu à des échanges, des débats contradictoires, voire des affrontements qui pourront être virulents. Tant que nous resterons dans la courtoisie, les commentaires sont là pour ça. Et vous êtes les bienvenus pour y trouver matière à vous exprimer. En n'oubliant jamais que la musique n'est rien sans les artistes qui la font vivre et qui nous l'offrent. Car je fais mienne la phrase de Paul Valéry : "Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin d'artistes. Mais nous avons besoin de gens qui ont besoin d'artistes".
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