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14 octobre 2014 2 14 /10 /octobre /2014 22:51
Anita Cerquetti (13 avril 1931 - 11 octobre 2014).

Cette photographie date de 1958. Norma, oui, à Palerme. Altière au-delà du possible. Ne semblant pas se préoccuper du fait que la sphère médiatique (déjà) ne jure que par une autre dans ce rôle, celle par qui le scandale arriva, à Rome, le 2 janvier de cette même année. Mais Anita Cerquetti n'eut pas de Meneghini pour gérer les contrats, ni de Walter Legge pour verrouiller la concurrence. Surtout quand celle-ci vole plus haut que l'idole...Aux yeux du monde entier, aujourd'hui encore, Norma, c'est Callas, et Callas seule. Mais aux oreilles de beaucoup d'amoureux du chant, la grande prêtresse du temple druidique restera Cerquetti. Et Cerquetti...seule.

Pas seulement Norma, d'ailleurs. Plus les années passent, plus les enregistrements réapparaissent, plus l'évidence s'impose : tout ce qu'elle nous laisse nous entraîne plus haut que l'Olympe, à des altitudes où bien peu de cantatrices ont su et pu, et à chaque fois, nous transporter. Une seule pourrait lui être comparée, dans un registre très différent : Meta Seinemeyer, l'archange dont le destin nous fait dire que parfois, Dieu pourrait réfléchir avant de faire l'appel. Ces deux carrières ont comme points communs la perfection caressée, mais aussi la brièveté. Mais pour Cerquetti, ce ne fut pas la mort qui la brisa.

Elle était née à Montecosaro, près de Macerata, et étudia le chant au conservatoire Francesco Morlacchi de Pérouse, déjà solidement formée sur le plan musical par sept années de violon. Ses maîtres comprennent très vite qu'ils sont en face d'un diamant, et elle donne son premier concert à l'âge de dix-huit ans à Città di Castello. Ne brûlant pas les étapes, elle poursuit ses études encore deux années et fait ses véritables débuts à Spoleto le 6 septembre 1951 dans le rôle d'Aida et, comme si cela ne suffisait pas, dans celui de la Grande Prêtresse. Elle a tout juste vingt ans, et déjà, c'est un premier triomphe. Qui ne lui amène pourtant que peu d'engagements, mis à part quelques récitals avec Gigli et deux Trovatore au Teatro Nuovo de Milan. Pourtant, en 1953, suite à quelques concerts particulièrement remarqués, les imprésarios commencent à s'intéresser à elle. Mais elle préfère se perfectionner encore et intègre l'école et la troupe du Teatro Comunale de Florence. Le 2 août 1953, elle débute à Verone, encore avec Aida, puis avec Leonora du Trovatore. Les prises de rôles vont se succéder, essentiellement en Italie et sans que les demandes soient réellement pressantes, comme si quelque chose bloquait. Loreley à Reggio Emilia, La Forza à Pise, une tournée qui l'emmène à Enghien pour cette même Forza, avec Bergonzi, Guelfi et Pasero (oui, Enghien...à quinze minutes de Paris...Époque bénie !). Aida reste son rôle fétiche, lui permettant de triompher à Bologne et Naples, aux côtés de Filippeschi ou Penno, Guelfi, Boris Christoff. Sa carrière est enfin lancée, et elle enchaîne tous les grands rôles de spinto verdiens. L'automne 1955 la voit enfin sortir d'Italie et, le 29 novembre, elle fait chavirer Chicago avec son Amelia du Ballo dans les bras de Björling et sous le regard de Gobbi, couvée par un Serafin qui, de la fosse, n'en perd pas une miette. Comme si, après Caruso, Ponselle et Ruffo, elle allait être son quatrième "miracle".

La consécration vient à Barcelone, le 6 décembre 1956. Norma y est donnée, et elle partage l'affiche avec Mirto Picchi. Les critiques ne trouvent pas de mots pour décrire ce qu'ils ont entendu, obligés alors de convoquer, sans grand risque, les fantômes de Malibran ou Pasta. Mais c'est vers le public du Liceu qu'il faut se tourner, vers ces plus de deux mille spectateurs lui offrant une standing ovation de près d'une heure au rideau final, et obligeant la police à former un cordon de sécurité entre le théâtre et son hôtel. Suivent des productions toutes exceptionnelles, parfois montées pour elle, où elle retrouve les plus grands (Giulini, Del Monaco, Corelli, Bastianini, Siepi, Simionato...), jusqu'à ce 26 décembre 1957, où sa vie va basculer.

Ce soir-là, elle rend fou le public du San Carlo de Naples lors de la première d'une nouvelle Norma. Même triomphe deux jours plus tard, et le 2 janvier 1958, lors de la troisième représentation, elle reçoit un appel téléphonique durant le second entracte, en provenance de Rome. Callas vient de jeter l'éponge, dans ce même rôle, lors d'une première de gala, devant le Président italien à l'issue du premier acte. Elle seule pouvait au moins sauver les meubles, en prenant sa place pour les représentations suivantes. Et le 4 janvier, Rome est à ses pieds dès son apparition, à l'issue d'un Casta diva resté légendaire. Le lendemain, elle chante à nouveau à Naples, et retrouve la capitale pour deux autres soirées. La performance est relayée par la presse du monde entier, et à l'évidence elle va devenir la "prima donna assoluta" dans tout le répertoire de lyrico-spinto, et pour un long moment (elle n'a alors pas encore vingt-huit ans...).

On peut le croire, quand après une nouvelle Norma à Palerme, avec Corelli et Simionato, elle prend un peu de repos afin de préparer ses débuts à La Scala. Le défi est de taille, rien moins que la terrifiante Abigaille de Nabucco, face au non moins difficile public milanais. Au soir du premier juin 1958, c'est une pluie de roses qui s'abat sur elle, qui vole une nouvelle fois la vedette à tout un plateau où se trouvent pourtant Bastianini, Poggi, Simionato et Zaccaria. Quatre représentations suivent, et autant de triomphes.

Et pourtant, si elle donne encore quelques soirées cette année-là, elle ne se produit pas une seule fois en 1959, et pas même avant juin 1960. Quelques Ballo in maschera à Lucca, avant une brève tournée aux Pays-Bas avec Nabucco en octobre, où elle porte pour la dernière fois un costume de scène. Début 1961, elle annonce l'arrêt de sa carrière. Jamais elle ne reviendra sur sa décision.

Elle n'a pas trente ans...

Comment ce qui est peut-être le plus gigantesque gâchis de toute l'Histoire lyrique de la seconde moitié du XXème siècle a-t-il été possible ? Tout a été évoqué. La mort de son père et d'un de ses professeurs préférés, à quelques semaines d'intervalle, l'ont fortement marquée. Au point de tout arrêter en pleine gloire ? on ne peut le croire. Des soucis familiaux ? Elle a elle-même laissé entendre qu'elle s'était arrêtée pour élever sa fille. Le souci est que Daniela est née en 1965...

Des problèmes vocaux ? Si l'on écoute son ultime témoignage, on peut déceler une très légère fatigue dans l'aigu, et un timbre un peu moins riche qu'à l'accoutumée. Mais des Abigaille comme cela, il n'y en eut pas beaucoup :

 

 

Nabucco - Anch'io dischiuso...Salgo già - Direction Fulvio Vernizzi - Hilversum, octobre ou novembre 1960.

 

Ce timbre de chair et de sang, d'un rouge cuivré qui pourrait la faire passer parfois pour une mezzo, était absolument unique. Parfaite spinto, elle possédait un grave énorme sur lequel elle laissait sa voix s'épanouir sur toute la longueur, sans la moindre rupture dans les registres. Avec un legato d'école et un sens des nuances et du texte incomparable. En témoigne son Elisabetta :

Don Carlo - Tu che le vanita - Dir. Antonino Votto - Mai Musical Florentin, 16 juin 1956.

 

Ou son Elvira d'Ernani, qui lui permet de mettre en valeur son génie de la ligne pure et de la vocalise, marques des derniers feux du bel canto romantique :

 

Ernani - Ernani, involami ! - Dir. Dimitri Mitropoulos. Mai Musical Florentin, 14 juin 1957.

 

Vocalises qui ne lui faisaient pas peur, et sa voix, qui n'était jamais "lourde", pouvait se jouer de la colorature la plus exigeante en lui conservant toujours un legato parfait, sans nuire à la précision. À l'image d'Elena :

 

I Vespri siciliani - Mercè, dilette amiche - Dir. Mario Rossi - RAI, Turin, 16 novembre 1955.

 

Les exemples seraient multiples, tant ses témoignages sur le vif sont nombreux. Aida, La Forza, Il Trovatore, le Ballo, pour ne parler que de Verdi, montrent bien ce pur exemple de lyrico-spinto. Mais quid du studio ? Peut-être, avec cette question, approche-t-on de ce qui pourrait être une réponse au "mystère Cerquetti". En tout et pour tout, deux disques ont été gravés, dont un récital. Et la Gioconda publiée chez Decca était initialement prévue pour Tebaldi. Comme Magda Olivero, comme Leyla Gencer, les studios l'ignorèrent. Ou on leur demanda de l'ignorer...Car c'est maintenant qu'il faut l'écouter dans Norma à Rome, pour commencer à comprendre.

 

 

Norma - Casta Diva - Dir. Gabriele Santini - Rome, 4 janvier 1958.

 

Oui, le 4 janvier 1958. Deux jours après le "scandale" Callas, Rome a pu entendre "ça", cette absolue merveille, probablement insurpassable. Toute la ferveur qu'y mettait Callas est là, mais proposée dans un tout autre écrin. On cherchera en vain la moindre faille dans cette voix d'une pureté inouie, dans ce pianissimo projeté jusqu'au Château Saint-Ange, dans ce legato qui semble poursuivre le chant de la flûte. Et la cadence, avec sa gamme descendante d'une précision hallucinante, nous ramène aux racines du bel canto, nous fait imaginer ce que purent être les voix de Pasta, la créatrice du rôle, de Malibran, de Grisi, que nous ne pouvons que rêver à travers les écrits de Stendhal. Sublime, oui. Trop sublime.

Car dans ces années-là, il n'était pas bon de trop faire d'ombre à Callas. Elle avait probablement peu apprécié que son mentor Tullio Serafin s'intéresse à Anita (elle se brouillera avec lui quand il enregistrera Traviata avec Antonietta Stella). L'ascension fulgurante d'une "autre", dans "ses" rôles, qui plus est en Italie, lui était difficilement supportable. Tebaldi, passe encore (leur prétendue rivalité ne fut qu'une histoire de fans et surtout de marketing). De toute façon, elle était célèbre avant elle, et enregistrait en exclusivité pour une autre maison de disques. Mais qu'une "concurrente" revienne (Olivero) ou apparaisse (Gencer, Stella, plus tard Moffo et donc Cerquetti), pas question ! Ce caprice de star n'aurait eu aucun poids sans le tandem Meneghini/Legge, le premier gérant les contrats, le second étant le pape de la direction artistique d'His Master Voice. Tebaldi exceptée, difficile, voire impossible de se faire une place dans les studios quand on chante le même répertoire. Et, surtout, quand on le chante comme Cerquetti le chantait. À cette époque, et jusqu'à récemment, le "live" était assimilé au "pirate", s'écoulait sous le manteau et n'était connu que de quelques privilégiés. Comment montrer au monde, à tous ceux qui ne peuvent pas se déplacer dans les théâtres, sa propre vision d'un rôle quand on n'a pas le disque pour principal support ?

J'ose alors une explication à la décision d'Anita Cerquetti d'arrêter sa carrière alors qu'elle est au sommet de son art, et qu'elle n'a que trente ans. La lassitude, tout simplement. Lassitude de toujours devoir passer "après", de ne pas trouver d'engagements comme elle l'aurait souhaité (on ne la vit pas à Paris, Londres, New York...), de se voir interdire les micros des studios. Elle n'avait pas le passé de Magda Olivero, ni son caractère, pas plus que celui de Leyla Gencer. Il faut parfois, dans ce métier, savoir être une "tueuse", et Anita ne l'était pas. Ou si elle l'était, ce fut avec elle-même, remettant sans cesse l'ouvrage sur le métier, pour atteindre la quasi perfection de sa Norma romaine. Bien-sûr, les soucis familiaux ont eu leur importance, de même que certains problèmes de santé révélés ultérieurement. Mais je suis convaincu qu'ils n'ont été que des éléments déclencheurs, pas des causes réelles à ce retrait définitif. J'ai, dans un autre article, évoqué les "dommages collatéraux" du phénomène Callas. Non pas pour diminuer en quoi que ce soit cette artiste immense, mais en essayant de montrer le mal qu'avait pu faire le "système" savamment mis en place autour d'elle. Il fallait une carapace en béton armé et des nerfs d'acier pour y résister, et Anita ne les avait pas. Ou n'a pas voulu forcer sa nature. Ce fut son choix, et il est respectable.

Il n'en demeure pas moins vrai qu'aujourd'hui, seuls les amateurs connaissent son nom, et parmi eux les vrais amoureux du chant savent où est sa juste place. Et où elle devrait être aujourd'hui si elle avait, simplement, fait une pause. Callas a quitté la scène en 1965, Cerquetti aurait pu faire son retour à trente-quatre ans. Restant ainsi dans la mémoire de tous comme, peut-être, la plus fabuleuse cantatrice dans sa catégorie. Et pas comme "celle qui chante Leonora au début de Senso", sans même être créditée au générique. Oui, on peut rêver. On ne peut que rêver...

 

 

 

La Forza del destino - Pace, pace mio Dio - Dir. Gianandrea Gavazzeni. Mai Musical Florentin, juin 1957 (Studio).

 

 

© Franz Muzzano - Octobre 2014. Toute reproduction interdite sans autorisation de l'auteur. Tous droits réservés.

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commentaires

M
Je vous renvoie mon commentaire de tout à l’heure car je ne suis pas sûre que vous l’ayez reçu ? Je connais quelqu’un qui a cette maladie du nerf trijumeau. Cette maladie se manifeste par crises, plus ou moins rapprochées, extrêmement douloureuses et qui empêchent de parler. Maladie opérable de nos jours, mais opération dangereuse, avec de gros risques de ratage et de rester en partie débile. Il reste donc les médicaments, avec de nombreux effets secondaires, et de la radiothérapie à répétitions, plus ou moins efficace. Poursuivre une carrière de chanteuse lyrique de haut niveau, comme Cerquetti, en étant atteinte de cette maladie, me paraît très difficile. Avec ou sans dépression, en plus. Tristissime !
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M
Dans le dernier numéro d'Opéra-Magazine, n°102, avec A.Altinoglu en couverture, Richard Martet explique qu' Anita Cerquetti a du arrêter sa carrière à cause de spasmes du nerf trijumeau, nerf facial très important qui remonte vers l'oreille. Il dit ainsi : "des spasmes du nerf trijumeau, dus au stress de la carrière, ont fini par l'empêcher de chanter dans des conditions de confort optimal." Et je sais que cette maladie est encore très mal soignée de nos jours...Je me suis dit que cette information sur Cerquetti vous intéresserait peut-être ?
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F
Merci Marie-Laure :) J'avais entendu quelque chose dans ce genre, avec aussi d'autres soucis de santé. Je pense qu'en effet ce type de handicap a joué sur sa décision, mais je reste convaincu que l'arrêt aussi brutal de sa carrière (même pas de reconversion en récitals, voire en studio) est dû à un ensemble de facteurs, plus complexes qu'un simple ennui de santé, aussi gênant soit-il. Écoutez son extrait de Nabucco, que j'ai placé dans l'article. C'est son ultime témoignage. La sent-on vraiment si gênée ? D'autres ont parlé de maladies différentes, de dépression...et elle-même n'a pas toujours dit la même chose ! Mais bon, qu'importe, quel dommage...
L
En voyageant sur le net , je viens de découvrir aujourd'hui qu' Anita Cerquetti nous avait quittés . J'ai envie de pleurer : cette disparition me fait tellement mal . Voilà vingt années que l'art royal et si sensible de cette grande chanteuse me porte au travers de tous les albums que j'ai eu la chance de trouver .<br /> Je voudrais écrire en Italie pour faire part de ma peine et de mon immense admiration . Ou pourrais-je écrire , avez-vous une adresse ?
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F
Je ne vois qu'une possibilité, n'ayant pas les coordonnées de ses proches : écrire à la mairie de Montecosaro, où elle est une légende locale. Le code postal est 62010.<br /> <br /> En précisant &quot;service culturel&quot;, il est possible qu'ils fassent suivre.<br /> Belle idée, en tout cas :)
A
Bel hommage pour cette étonnante soprano qu'André Tubeuf avait qualifiée &quot;d&quot;intruse&quot;, terme que vous reprenez de fait dans vos explications sur son départ : pour rester dans ce métier il aurait fallu être une tueuse ce qu'elle n'avait pas envie d'être. heureusement qu'il nous reste des enregistrements précieux et délicieux. Lyrico-Spinto (FM) lui rendra hommage dimanche 2 novembre à son tour, et elle le mérite. Sans doute faudrait-il méditer sur le destin de telles artistes hier comme aujourd'hui. Parfois lors de nos échanges, nous nous demandons ce qu'est devenu untel ou unetelle qui promettait pourtant beaucoup... un dur, dur métier. Joli hommage à une femme artiste, Franz. Merci.
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F
Merci Hélène :)
R
Merci Franz pour ce bel hommage, qu'elle méritait bien.<br /> Pour ce qui est de la raison ou des raisons de son retrait on ne saura sans doute jamais le fin mot de l'histoire. La piste du découragement est peut-être une des possibilités avec des ennuis de santé. Cependant la réussite de l'enregistrement intégral de La Gioconda en 1957 aurait pu faire naître bien des espoirs, d'autant que Norma suivrait. Dire que cet enregistrement a débuté, et ne fut pas terminé. Dire qu'il réunissait Cerquetti, Simionato, Del Monaco et Siepi! Dire que Decca n'a jamais publié les deux duos avec Simionato, Mira o Norma et O Rimembranza, qui avaient été enregistrés et dorment dans les cartons!!
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M
Merci infiniment pour ce magnifique portrait d'Anita Cerquetti. Je ne la connaissais que de nom. Hallucinant qu'elle se soit arrêtée à pas même trente ans ! En l'écoutant chanter on comprend bien votre expression &quot;gigantesque gâchis&quot;...
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A
Merci, Monsieur, de ce fort bel article sur cette immense artiste; sa vie est un roman tragique! elle nous touche et nous émeut.
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C
Rien a ajouter! Il nous reste beaucoup de Live heureusement. Le physique peut être déjà, vous connaissez la photo de son récital Decca.
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C
on ne fait pas recette
F
Le physique, bien entendu, et cela ne va pas en s'arrangeant. Si les plus grands artistes d'aujourd'hui ont aussi un &quot;physique de cinéma&quot;, certains n'arpentent les scènes que grâce à leur look (ça y est, je vais encore dire du mal de Grigolo...). D'autres se voient reprocher leur corpulence, parfois directement (Debbie Voigt naguère), parfois plus insidieusement, en ne faisant pas la carrière qu'ils méritent (je pense ici à Angela Meade, jamais engagée par les scènes européennes).<br /> Par ailleurs, je n'ai pas évoqué le jeu de scène de Cerquetti, sa présence, ses talents de tragédienne tout simplement parce qu'à ma connaissance, il n'existe pas d'archives. Callas a révolutionné l'approche des rôles sur ce plan-là, bien aidée par Visconti, et il est probable qu'Anita n'avait pas les mêmes dons d'actrice. Cela étant dit, en 1961, Caballé chantait déjà en troupe en Allemagne, avant d'exploser dans Lucrezia en 1965. Et de faire la carrière que l'on sait, sans jamais trop se préoccuper de son jeu de scène...

Présentation

  • : Les Chroniques de Franz Muzzano
  • : Écrivain, musicien et diplômé d'Histoire de la Musique, j'ai la chance, depuis plus de 40 ans, de fréquenter les salles de concerts et les maisons d'opéras, et souvent aussi leurs coulisses. J'ai pu y rencontrer quantité d'artistes, des plus grands aux plus méconnus. Tous m'ont appris une chose : une passion n'a de valeur que si elle se partage. Partage que je vais tenter de vous transmettre à travers ces chroniques qui relateront les productions que j'ai pu voir ou entendre (l'art lyrique y tenant une grande place). Mais aussi les disques qui ont contribué à me former, tout comme les nouveautés qui me paraîtront marquantes (en bien ou en mal). J'évoquerai aussi certaines grandes figures du passé, que notre époque polluée par les "modes" a parfois totalement oubliées. Je vous proposerai aussi des réflexions sur des aspects plus généraux de la vie musicale. Tout cela dans un grand souci d'impartialité, mais en assumant une subjectivité revendiquée. Certaines chroniques pourront donc donner lieu à des échanges, des débats contradictoires, voire des affrontements qui pourront être virulents. Tant que nous resterons dans la courtoisie, les commentaires sont là pour ça. Et vous êtes les bienvenus pour y trouver matière à vous exprimer. En n'oubliant jamais que la musique n'est rien sans les artistes qui la font vivre et qui nous l'offrent. Car je fais mienne la phrase de Paul Valéry : "Aujourd'hui, nous n'avons plus besoin d'artistes. Mais nous avons besoin de gens qui ont besoin d'artistes".
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